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Comment faire lorsque la dyslexie est installée

Prévenir vaut mieux que guérir. Mais quand les troubles sont installés on n'est pas sans recours, loin de là.

Imaginons un enfant dyslexique de CM2 ou de 6°. Il a développé des stratégies compensatoires peu efficaces pour compenser ses difficultés de traitement du système alphabétique. L'objectif de la rééducation va être de lui faire remplacer progressivement des stratégies inefficaces par des stratégies plus efficaces. Il ne s'agit pas de repartir à zéro et de lui réapprendre à lire. c'est impossible car non seulement ses procédures sont installées et difficiles à lâcher mais elles ont entraîné une organisation cérébrale avec laquelle il va bien falloir composer.

Je donne ici un exemple de ce qui est possible de faire avec Redlec.

Donnez lui ceci à lire.

C'est la première page d'une histoire. Demandez lui de lire cette page à voix haute.

On sait que la grande difficulté des dyslexiques est de trouver les axes de segmentation. Observez comment il procède.

Imaginons que sa stratégie soit de court-circuiter la segmentation syllabique pour déduire les mots du contexte ou les reconnaître par leur enveloppe globale.

Vous allez alors lui proposer ceci: segmentation syllabique

Vous posez cette fiche sur la page précédente. Vous lui expliquez que pour reconnaître les mots il faut identifier chaque syllabe.

Nous allons donc lire chacun une syllabe: moi les noires et toi les rouges (ou le contraire).

Il ne s'agit pas de corriger les erreurs mais de susciter des automatismes de lecture syllabique, donc quand il se trompe, vous pouvez commencer par dire vous-même la syllabe correctement ou faire une courte pause pour qu'il s'autocorrige mais vous ne lui faites pas porter attention à ses erreurs pour le moment.

Vous lisez ainsi avec lui toute la page.

Ensuite vous allez conduire votre séance en fonction de ce qui s'est passé. Plusieurs possibilités s'offrent à vous.

Première possibilité vous redonnez immédiatement le texte sans les indices couleur. En général les orthophonistes me disent être surpris par la différence de lecture immédiatement après (ça ne tient pas dans le temps au début mais peu à peu ça s'installe).

Deuxième possibilité: vous gardez la fiche segmentation syllabique mais vous proposez que chacun lise un mot et non pas une syllabe. Vous "pétrissez" alors la strate syllabique avec la strate lexicale.

Vous redonnez ensuite le texte sans indices couleur et observez ce qui se passe.

Troisième possibilité: vous donnez ceci: fusion.

Ici pas de couleur. Il lit seul. A vous de voir s'il doit lire en hachant en syllabes ou s'il doit lire comme si les syllabes n'étaient pas séparées. Dans le premier cas il renforce la perception des axes syllabiques, dans le deuxième il fusionne les syllabes et mots et travaille conjointement les deux axes.

Mais vous pouvez aussi donner ceci: segmentation

Dans ce cas, s'il veut retrouver les mots et lire le texte il devra trouver les axes de segmentation syllabiques et lexicaux.

Imaginez maintenant que sa stratégie compensatoire ne soit pas de chercher à déduire les mots du contexte mais au contraire de s'acharner à détacher les syllabes;

Vous lui donnez ceci: segmentation lexicale.

Ici on lit chacun un mot et on force le traitement lexical.

Suivant les résultats, vous allez alterner les fiches d'aide à la lecture.

Revenez à la lecture de la page du livre et observez l'évolution de la fluidité.

Lorsque, dans ces exercices vous aurez repéré des erreurs très spécifiques, confusions, inversions, etc, vous allez alors proposer les fiches d'entraînement. Une fiche d'entraînement au début de chaque séance par exemple. Ou bien si vous constatez qu'un graphème complexe n'est pas acquis par exemple, vous allez utiliser le mot clé qui sera à la disposition de l'enfant tant qu'il en éprouvera la nécessité.

Les exemples que je viens de donner sont tout à fait applicables à des adultes ou à de grands ados.


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