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Rééduquer la discrimination phonémique: un travail de dentellière

Lorsque l'on veut remédier à des difficultés de discrimination phonémique, tout le travail se joue dans les détails.

Nous avons expliqué hier que la discrimination des phonèmes consonantiques est articulatoire, ce qui n'est pas le cas pour la discrimination des phonèmes vocaliques qui sont audibles et donc peuvent être distingués ET par leurs composantes articulatoires ET par leurs composantes auditives.

Nous avons montré que l'utilisation des mots clés pour lesquels la consonne est donnée en initiale facilite cette discrimination et qu'il s'agit (dans la prévention des troubles de la lecture) d'installer une bonne représentation motrice des phonèmes c'est à dire de décoder le graphème en produisant l'articulation du phonème correspondant.

Malheureusement, je vois souvent, dans les formations, des stagiaires qui n'ont pas exactement compris ce que cela implique et qui ne proposent pas l'exercice parfaitement bien. Changez un détail et vous changerez totalement l'esprit de l'exercice, son objectif et son effet.

Nous allons donc détailler les choses.

Voyons par exemple la discrimination entre P et B. la différence entre ces deux phonèmes est une différence de vibration laryngée.

Vous donnez les mots clés et faites prononcer comme nous l'avons expliqué hier.

Donnez ensuite la fiche suivante:

Le but n'est pas de prononcer PE/BE ni PÉ/BÉ mais bien P/B. Essayez vous-mêmes et constatez ce qui se passe.

Essayez ceci avec vos petits élèves ou patients qui ont des difficultés d'entrée dans la lecture:

Dans un premier temps faites leur dire (avec les mots clés sous les yeux bien sûr) pomme pomme ballon pomme ballon pomme, etc. Vous constaterez que dans la plupart des cas ils y arrivent sans problème. ce qui montre qu'ils perçoivent bien qu'il y a là deux lettres différentes.

Maintenant on ne prononce plus pomme ballon mais P/B. Vous allez avoir des tas de tentatives des enfants. Regardez ce qui se passe et réfléchissez à ce qu'est la représentation phonémique (et par extension graphémique). Observez aussi les mouvement du corps et vous verrez votre petit patient imprimer un rythme qui l'aide à intégrer les choses.

Sur la fiche vous constatez que les graphèmes se suivent de manière aléatoire. C'est ce qui fait que l'on n'est pas dans de la recherche de conditionnement mais d'automatisation. car à chaque changement de lettre il faut changer la programmation phonémique. parfois nous imprimons un début de rythme régulier puis il est cassé. C'est voulu. L'objectif est de développer une inhibition (nous employons ce terme dans sa signification dans l'apprentissage: inhiber une représentation pour accéder à une autre), donc une flexibilité.

La discrimination est automatisée quand le changement se fait sans erreur et sans temps de latence. (Cela ne veut pas dire bien entendu que vous allez vous acharner pendant des séances sur la fiche de discrimination. Vous y reviendrez en début de séance ou ferez des contrats avec l'enfant pour savoir à combien d'erreurs il estime que ce n'est pas la peine d'y revenir. Et vous couplerez cela avec les autres exercices en particulier sémantiques).

La différence entre P et B étant très discrète (vibration laryngée) la distinction sera plus difficile par exemple que pour P et T où il s'agit de points d'articulation différents.

c'est pourquoi nous avons mis un indice de couleur en écrivant les consonnes sonores en bleu foncé et les consonnes sourdes en bleu clair.

Retournez la fiche et supprimez la couleur et vous progresserez vers la discrimination à partir de le lettre seulement.

Voilà. Demain nous avancerons encore.


 

© 2016 par Sylvie RAYNAUD.

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