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la phonologie, c'est la trame d'une tapisserie.

Revenons sur cette construction des structures du langage par strates imbriquées. Il existe des fenêtres temporelles, des périodes sensibles à l'intérieur desquelles la malléabilité cérébrale et la flexibilité cognitive sont à leur apogée si l'on peut dire. Si les stimulations sont à leur maximum pendant cette période où les pré-formes rencontrent l'influence du milieu le langage se développe harmonieusement. C'est comme une tapisserie dont les fils de trame et les fils de chaîne sont parfaitement assemblés et sur laquelle on peut dessiner de multiples motifs.

Malheureusement il existe de nombreuses raisons pour lesquelles le tissage ne se fait pas correctement: la qualité du fil, l'adresse du tisserand, l'efficacité du métier à tisser, etc.

En ce qui concerne la construction du langage, une mauvaise écoute, à cause d'otites par exemple ou de difficultés attentionnelles, une fragilité linguistique familiale, des interactions insuffisantes, une maladresse bucco-motrice et voilà une phonologie incomplète. Les sorties bucco-phonatoires ne s'ajustent pas parfaitement aux entrées auditives. La strate lexicale et la strate morpho-syntaxique se construisent sur une phonologie approximative.

Lorsqu'il entend tartine, Paul prononce "tatine", lorsqu'il entend cartable il prononce "cratabe", et ainsi de suite. Mais il est happé par l'univers de sens, ce qui est absolument indispensable, et, alors que peu à peu les autres enfants réajustent entrées et sorties pour que les briques phonologiques s'imbriquent parfaitement pour structurer les mots, lui il intègre des mots légèrement déformés. Il y a chez lui une distorsion entre les entrées acoustiques syllabiques et les sorties articulatoires phonémiques.

Sa tapisserie a un trou, une maille qui file, un défaut. Les motifs qu'il va créer seront imparfaits.

Et voilà qu'au cours de sa sixième année on va lui demander de transcrire son langage en signaux visuels et de décrypter des signaux visuels en langage. Il va le faire avec les distorsions qui existent dans son langage oral.

Il est alors du devoir des personnes qui interagissent avec lui dans cet apprentissage de ne pas le leurrer. Commencer par lui apprendre à stocker globalement des mots, c'est le remettre exactement dans la situation où il s'est trouvé quand il a pétri le lexique avec la phonologie. Focaliser son attention sur des correspondances acoustiques des graphèmes, c'est le remettre dans la situation dans laquelle il s'est trouvé quand il n'a pas trouvé exactement le chemin de l'audition à l'articulation, c'est à dire de la syllabe au phonème.

Alors???

Alors nous proposons un autre chemin. Mais ça c'est pour le cours de demain.


 

© 2016 par Sylvie RAYNAUD.

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