Prévenir plutôt que guérir.
Il est étonnant que de nos jours, avec les connaissances et les moyens que nous avons, 25% de la population aborde le collège avec une lecture peu fluide et informative dont 6% avec des difficultés sévères, alors qu'il existe des moyens de prévenir ces difficultés. Pour cela, il est capital que les personnes chargées d'apprendre à lire aux enfants aient toutes les données en main.
Aujourd'hui, nous allons aborder, seulement sous forme de plan, des points importants sur lesquels nous reviendrons au cours des semaines à venir.
1. Les apprentissages se construisent dans l'interaction. Plutôt que des débats sans fin sur les méthodes, mettons au centre de l'apprentissage de la lecture le rôle de l'interaction et les niveaux de régulation. Nous en avons parlé dans un de nos premiers posts sur la page redlec, nous y reviendrons.
2. Considérons les structures du système alphabétique et les unités représentées: lettres, graphèmes, mots, marques morpho-syntaxiques et situons le système alphabétique dans son contexte historique. D'abord idéographique à Sumer pour des échanges commerciaux, il est devenu syllabique, mais comme les langues qu'il représentait étaient plus riches en consonnes qu'en voyelles, la partie consonantique était suffisante pour distinguer une syllabe d'une autre, donc un mot d'un autre. Ce sont les grecs qui ont introduit les voyelles et ont fait évoluer le système vers une association de plusieurs signes pour rendre compte de la syllabe. Prenons conscience de ce que cela représente au niveau de l'apprentissage.
Dans la langue parlée il n'existe pas de consonnes isolées. Une voyelle peut être à elle seule une syllabe, jamais une consonne qui doit toujours être associée à une voyelle pour être identifiée à l'oreille. Alors arrêtons de faire croire à nos enfants qu'ils peuvent distinguer acoustiquement P de B. personne ne le peut. Ils peuvent distinguer PE de BE ou PÉ de BÉ pas P de B. En revanche faisons leur expérimenter la prononciation de ces syllabes et porter leur attention sur les articulateurs. Nous serons alors étonnés de voir leurs capacités discriminatives se développer peu à peu.
3. Gardons à l'esprit que l'écriture n'est pas du dessin mais du langage. les signes sont arbitraires et orientés et ont pour fonction de permettre de distinguer une signification d'une autre. N'oublions jamais que la base de tout signe linguistique est le lien signifiant/signifié. Pas de lecture de syllabes à vide, cela n'a de sens que pour un entraînement ponctuel et doit rapidement être intégré dans une tâche plus complexe. Ce n'est pas parce que l'on fait lire des choses signifiantes que l'on ne travaille pas l'assemblage. On confond trop souvent lecture de mots et stockage d'images globales de mots ce sont des choses très différentes.
4. Gardons également à l'esprit que dans l'écriture ce sont des éléments spatiaux qui doivent être traités comme des éléments temporels, c'est à dire que l'on doit les faire défiler mentalement dans un sens conventionnel.
Voici quelques pistes que nous allons développer au cours des prochains jours.