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Réflexions sur la segmentation


Les stages de formation redlec sont toujours l'occasion d'échanges passionnants qui me poussent à clarifier la méthodologie et la théorie qui fondent redlec.

Nous avons donc eu, entre autres choses, un échange avec une collègue qui trouvait que les fiches "segmentation" n'étaient pas d'une grande utilité.

Il s'agit de fiches dans lesquelles aucune segmentation n'est marquée. Le but de ces fiches est de forcer le sujet à trouver les axes de segmentation syllabiques et lexicaux. La collègue trouvait que, puisque cette situation de lecture n'existe pas dans la réalité, il n'y avait aucun intérêt à proposer ce travail. A première vue, elle a parfaitement raison. Mais je voudrais aller plus loin dans ma réponse.

Tout d'abord ces fiches ne sont pas à proposer à de jeunes enfants de primaire mais à des ados ou adultes mauvais lecteurs afin de provoquer chez eux la mise en route d'une ébauche de procédures qu'ils contournent généralement et en particulier la procédure de séquençage syllabique des mots écrits.

Mais nous avons deux séries de fiches qui activent la segmentation syllabique et une série de fiches qui active la segmentation lexicale. Celles-ci peuvent sembler superflues, voire perturbatrices.

Voici quelques éléments de réponse.

Premièrement, comme je l'ai dit à la formation, je les ai construites pour des adolescents et des adultes qui arrivaient en rééducation avec beaucoup de réticences et qui craignaient de faire des exercices trop régressifs voire enfantins. le but initial était de provoquer chez eux une interrogation: notre système d'écriture est moins difficile qu'il ne pourrait l'être, vous avez déjà des repères par le blanc entre les mots qui vous permettent au moins de séparer les mots entre eux. Cela les incitait à regarder le système de plus près et initiait le dialogue sur les différents systèmes d'écriture, sur l'évolution du système alphabétique, sur sa structure actuelle et ses contraintes.

Cette seule justification est mince et je conçois tout à fait alors qu'on n'ait pas envie d'utiliser ces fiches.

Deuxièmement, et sur ce point je crains de ne pas avoir été assez claire à la formation, le fait de donner un corpus dont les mots ne sont pas séparés renforce les deux segmentations: lexicale et syllabique parce que le sujet n'est plus happé par la structure en segmentation lexicale de notre sytème. Il n'est plus happé par l'enveloppe globale du mot et ne peut plus contourner les stratégies d'assemblage. Et, comme les mots sont écrits correctement, sans erreurs, et comme le texte reste un texte significatif et non une série de suite de syllabes sans signification ou une série de mots isolés, le sujet se trouve à chercher les axes syllabiques permettant de reconnaître les mots et de traiter le texte. C'est une alternative aux exercices consacrés au seul traitement de bas niveau et cela rentre dans la méthodologie de redlec: traiter le bas niveau pour accéder au haut niveau. (je rappelle pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces notions: bas niveau = traitement phonographique, haut niveau = traitement lexico-sémantique.)

J'espère avoir été un peu plus claire.

Ceci étant dit, n'utilisez ces fiches qu'avec des grands, soit en tout début de rééducation pour provoquer un changement de regard sur le langage écrit, un choc en quelque sorte, soit lorsque la rééducation est assez avancée et que vous avez installé toutes les alternances de procédures que la communauté redlec connaît bien maintenant, pour les renforcer. Et comme toujours, alternez les exercices en fonction de votre ligne rééducative. Comme nous l'avons dit lors de la formation, il y a des patients que vous devrez "mettre en paix avec le sens" avant de faire l'exercice et d'autres au contraire qui partiront à la découverte du sens au cours de l'exercice.


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